samedi 14 novembre 2015

#13Novembre

Voir défiler les photos et les noms des personnes disparues ou n'ayant pas donné de nouvelles depuis hier soir, dans Twitter, me donne des frissons d'horreur.

Un public familial s'était réuni hier soir au Bataclan pour un concert, un moment festif et agréable. Des familles, des couples d'amoureux, des copains étaient sortis au restaurant, la soirée était douce et le week-end commençait.

Des fous sont allés frapper le coeur du bonheur, le coeur de la vie. Je veux présenter mes condoléances les plus sincères aux familles et les proches des victimes...Toutes mes plus profondes pensées de soutien les accompagnent.

Ils veulent nous effrayer, nous terroriser.

Il est indispensable de se mettre en sécurité, tout d'abord. Il faut être prudent : c'est pour cela que ce matin, en bureau de majorité, nous avons pris la décision de ne pas faire de rassemblement. Pas pour l'instant. Il faut laisser passer l'émotion, il faut que la situation se stabilise et que nous puissions entrer dans le recueillement nécessaire au deuil.

Il faut aussi nous rendre solidaires, il faut aussi parler, communiquer...C'est indispensable et comme beaucoup, sans doute, j'en ressens le besoin. On peut manifester sa solidarité autrement qu'en nous rassemblant : on peut mettre des bougies à nos fenêtres, changer les avatars de nos comptes de réseaux sociaux, nous pouvons téléphoner aux personnes que nous aimons, celles qui vivent à Paris, celles qui seront les plus touchées par ces attentats odieux...

La ville d'Audincourt a mis ses drapeaux en berne. Nous allons tout faire pour assurer la sécurité des biens et des personnes...Mais la vie doit continuer, aussi. Il est important que la vie continue. La peur est la pire des conseillères.



Les mesures qu'impose l'état d'urgence sont celles qui doivent nous permettre de nous relever après ces événements, sans oublier les valeurs fortes qui constituent notre nation : liberté, égalité, fraternité. Ne tombons pas dans la facilité des amalgames : les criminels qui ont agi hier soir sont les seuls coupables de leurs actes. C'est eux qu'il faut traquer et punir.

Céline DURUPTHY



mercredi 11 novembre 2015

11 novembre

J'aime bien les reflets du ciel et des nuages sur les pavillons lustrés des instruments des musiciens de la fanfare...

J'aime bien les mains dans les poches, les épaules rentrées à cause du froid de novembre. Même s'il ne faisait pas très froid ce matin. 

J'aime bien La Madelon, jouée par l'harmonie municipale. 

J'ai été très touchée par la lecture des lettres de poilus par les élèves du collège. 

Je fais souvent lire des lettres de la Grande Guerre à mes élèves. C'est le témoignage le plus sensible, le plus humain qu'il nous reste. L'écriture manuscrite est une trace vivante et intime, les fautes d'orthographe, les ratures, sont autant de respirations, comme des souffles qui nous viennent du passé. Comme si ces hommes, souvent anonymes, nous apparaissaient soudain comme des arrières-grands-pères communs...

Il y a aussi les auteurs célèbres...et cette chanson de Juliette...

Si je mourais là-bas...

Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur

Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l'étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace
Comme font les fruits d'or autour de Baratier

Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants

Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l'onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L'amant serait plus fort dans ton corps écarté

Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie
- Souviens-t'en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur -
Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie

Ô mon unique amour et ma grande folie

30 janv. 1915, Nîmes.

Guillaume Apollinaire - Poèmes à Lou




juliette - une lettre oubliée par bisonravi1987