mercredi 11 novembre 2015

11 novembre

J'aime bien les reflets du ciel et des nuages sur les pavillons lustrés des instruments des musiciens de la fanfare...

J'aime bien les mains dans les poches, les épaules rentrées à cause du froid de novembre. Même s'il ne faisait pas très froid ce matin. 

J'aime bien La Madelon, jouée par l'harmonie municipale. 

J'ai été très touchée par la lecture des lettres de poilus par les élèves du collège. 

Je fais souvent lire des lettres de la Grande Guerre à mes élèves. C'est le témoignage le plus sensible, le plus humain qu'il nous reste. L'écriture manuscrite est une trace vivante et intime, les fautes d'orthographe, les ratures, sont autant de respirations, comme des souffles qui nous viennent du passé. Comme si ces hommes, souvent anonymes, nous apparaissaient soudain comme des arrières-grands-pères communs...

Il y a aussi les auteurs célèbres...et cette chanson de Juliette...

Si je mourais là-bas...

Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur

Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l'étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace
Comme font les fruits d'or autour de Baratier

Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants

Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l'onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L'amant serait plus fort dans ton corps écarté

Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie
- Souviens-t'en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur -
Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie

Ô mon unique amour et ma grande folie

30 janv. 1915, Nîmes.

Guillaume Apollinaire - Poèmes à Lou




juliette - une lettre oubliée par bisonravi1987

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